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Entretien avec Clément MARTINEAU

Au cours de l’été, Clément MARTINEAU est devenu double champion du monde à la voile :
- du 23 au 28 juillet à Travemünde (Allemagne) en catégorie Formule 16
- puis en catégorie Nacra 15, du 11 au 16 août sur le Lac de Garde (Italie)

Nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle de son parcours !



Clément, peux-tu brièvement te présenter ?
Je suis originaire de La Rochelle où je pratique la voile depuis mon plus jeune âge et en compétition depuis l’âge de 6 ans. Tout jeune, je voulais être ingénieur et la voile est un sport mécanique, alors les questions d’ingénierie en sont une composante essentielle, notamment pour la fabrication des bateaux. C’est cette combinaison qui a motivé ma décision de candidater dans un INSA, tout comme de nombreux « voileux » d’ailleurs, présents dans les autres établissements du Groupe. La possibilité d’avoir un parcours aménagé et la forte cohésion au sein de la filière SHN, conjugués à une relative proximité de La Rochelle m’ont décidé à venir à Blois. Je suis actuellement en deuxième année de ma formation STPI (pour rappel, le parcours aménagé permet de faire les deux années STPI en trois ans).

Accueillir un double champion du monde, c’est une première pour notre établissement, qui plus est en voile, peux-tu nous présenter ton sport ?
Le monde de la voile compte de nombreuses catégories différentes, tant dans les supports que dans les tranches d’âge. Depuis mon plus jeune âge, j’ai essayé de nombreux supports différents, c’est pour moi un des avantages de ce sport, à savoir sa progressivité en adéquation avec l’évolution. Mes supports préférés sont les catamarans et notamment le Nacra 15 qui est le plus attractifs actuellement chez les jeunes, dont je fais partie. Ces bateaux sont ultras rapides et volent littéralement sur l’eau.
La première compétition de l’été concernait la Formule 16, il s’agit d’une épreuve de catamaran en duo, sans considération de mixité. Cela fait des années que je navigue avec Thomas PROUST et nous nous connaissons très bien, ce qui reste la qualité primordiale d’un équipage ; la coordination d’un équipage est parfois comparée à une danse. Avec 12 régates terminées, nous finissons premiers avec 7 points d’avance sur le deuxième équipage. C’est vraiment une belle récompense après des années de travail.
Fort de ce succès, j’ai participé au mois d’août aux championnats de Nacra 15. Là encore il s’agit d’un catamaran (de 15 pieds, comme son nom l’indique) mais cette fois l’équipage doit être mixte. Ma coéquipière Lou MOURNIAC est originaire de Quiberon et il nous a fallu un peu de temps pour se connaître. Les débuts ont été très difficile et nous avions terminé 7e au mondial de La Grande Motte. Alors cette victoire sur le Lac de Garde nous a vraiment fait plaisir.



Tu nous as parlé des compétitions de cet été, mais comment se déroule une saison de voile ?
Contrairement à d’autres sports, il n’y a pas de saison creuse en voile et je m’entraîne toute l’année. On choisit les compétitions auxquelles on participe, en plus, bien entendu, des grands rendez-vous comme les championnats de France, Europe ou Monde, le tout décliné selon les supports sur lesquels on navigue. Par exemple, nous avons parlé des Formule 16, et Nacra 15, mais je fais aussi parti d’un équipage en 69F. Il s’agit du bateau Groupe Atlantic (partenaire de l’INSA), monocoque à foil, petit frère des AC75 de la Coupe de l’America, qui fait 6,90 m de long. Notre équipage, composé de quatre étudiants dont trois sont issus des INSA (CVL, Rennes et Lyon), participe à la Youth Foiling Gold Cup, un circuit mondial de régates, réservé aux moins de 25 ans, qui a commencé à Miami cette année et qui se terminera par la finale, pour laquelle nous sommes qualifiés, à Barcelone au mois de novembre.
Mes objectifs pour l’an prochain seront les rendez-vous mondiaux à Miami (USA) et européens à Kiel (Allemagne).

Pratiquer le sport à ce niveau demande beaucoup d’engagement, mais faire des études d’ingénieur en demande tout autant, comment parviens-tu à concilier les deux ?
Effectivement, ce n’est pas facile tous les jours, d’autant plus que je ne veux faire de concession ni dans l’un ni dans l’autre. C’est là que le parcours d’études aménagé prend tout son sens. Le lundi, mardi, mercredi et jeudi matin, je suis en cours à Blois, avec des séances de préparation physiques le soir, et le jeudi après-midi, je retourne à La Rochelle pour trois jours et demi d’entrainement sur l’eau. C’est très exigeant et cela demande de la discipline, mais je tiens au deux et je n’ai donc pas vraiment le choix. Ces contraintes hebdomadaires ne me permettent pas de profiter pleinement de la vie étudiante blésoise, mais au sein de la filière il y a une très bonne ambiance, on est entre « potes » et on se soutient les uns les autres. Il faut reconnaître que c’est super d’être dans un établissement qui permette vraiment de concilier mes deux passions, sans cet aménagement, il me serait impossible de faire les deux.

Une fois qu’on est champion du monde, il n’y a plus grand chose à conquérir, quels sont tes projets ?
Tout d’abord je vais poursuivre mes études, c’est important, en continuant au sein de la formation GSI, cela devrait déjà bien m’occuper. Pour ce qui est de la voile, le passage en Nacra 17 est la première étape pour la préparation olympique. Entre mes études et le temps de préparation, je pense honnêtement que ce sera trop juste pour les JO de Paris en 2024, mais j’ai déjà en ligne de mire les JO de Los Angeles en 2028 pour lesquels j'espère acquérir la maturité et l’expérience nécessaire.